2007, Premier bilan.

Au lendemain du cinquième débat, soit juste après le premier tiers de la saison, premier bilan des forces en présence, des bonnes surprises et des premières désillusions…
Commençons côté terrain tout d’abord où les choses évoluent. Cinq courses et cinq parcours complètement différents, certains plus roulants que d’autres mais tous techniques et sélectifs : le sable, la terre meuble et les obstacles techniques ayant la cote. Smets aurait il triomphé autant de fois sur le Valkenswaard – configuration 2007 et Jorgensen aurait il réalisé le doublé (2004) sur le Teutschenthal du WE dernier ? Pas certain…
Depuis le début de saison, on se régale de détails techniques des uns et des autres ; la prise d’angle de Tony dans les ornières de Bellpuig debout sur les cales pieds (non sans rappeler les prestations d’un jeune retraité…), les petits doubles vicieux que seul Christophe parvient à effacer, les énormes impulsions assises de Phillipaerts dans les appels démontés, Ramon qui corrige un appui sur deux, Seb qui prend impulsion dans un trou de freinage pour en sauter trois ou encore Aranda et Paulin qui laissent des empreintes de pose pied sur les reliefs teutons, j’en passe et des meilleures…
Petite remarque au passage, j’entends énormément de jeunes qui font des centaines (que dis je, des milliers) de kilomètres l’hiver pour préparer le Minivert, le Cadet ou le Junior sur les terrains du calendrier à venir. Une vision qui me semble un peu restreinte au court terme puisque le but est quand même que le gamin s’adapte le plus rapidement possible à tous les terrains et en toutes circonstances… En mondial ce sont des conditions qu’il est quasi impossible de simuler à l’entraînement et seules certaines courses peuvent reproduire de telles situations selon la préparation du terrain, le format et le niveau des pilotes.
Mieux vaut donc rechercher à développer les facultés d’adaptation…
Comme on le prédisait, la catégorie MX1 atteint des sommets en terme d’homogénéité et de niveau. Obligation de postposer la sieste de 13 heures puisqu’une dizaine de pilotes sont désormais capables d’enlever une manche et même si Coppins s’affirme en patron, il n’en reste pas moins vulnérable pour autant.
Entre Strijbos en embuscade, De Dycker capable de doubler n’importe qui, n’importe où (mais pas n’importe quand…), Ramon insipide, Dereuver conforme à lui-même, Phillipaerts qui monte en puissance, un Brown que les années n’altèrent pas les réflexes visuels, la 17ème résurrection de Croquard et une armée de KXF, nombreux sont les prétendants en embuscade à chaque faux pas du Lizzard.
On remarque que tous les transfuges du MX2 ont eu besoin de temps pour trouver leurs repères dans la catégorie, la puissance, le physique et la gestion des manches nécessitant un temps d’adaptation. Parce qu’un 450 ça se respecte…
Rayon MX2, comment ne pas évoquer les performances d’un Cairoli plus flamboyant que jamais. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un mec aussi rapide en Europe dans la catégorie (ou ex 125). La démo de Mantova était tout simplement royale ; 10 secondes d’avance en trois tours, meilleurs temps toutes catégories confondues, une mobilité et un style inégalés, le réalisateur resterait toute la manche sur l’italien qu’on le lui pardonnerait presque…
Cairoli c’est « l’anti diesel » par excellence, la vitesse d’exécution d’un coureur de 110 haies combinée à la fougue d’un rookie US qui débarque chez les pro, le tout couronné d’un panache à la Tomba. Tony sei grande !
Christophe est à son niveau de l’année dernière, les 6 semaines off de fin Janvier/Février se font ressentir. Difficile de lutter sans une préparation hivernale optimale. Tous les blessés de l’intersaison (Goncalves, Campano, Swanenepoel, Nunn) se montrent en dessous de leur niveau 2006 et/ou totalement irréguliers.
(Loin) derrière on note également un Searle bien dans le coup, un Rattray qui plafonne (dans tous les sens du terme), un Eggens conforme à lui-même (out avant la mi-saison), un Leuret qui nous rappelle que la rouge a aussi un moteur, un Hamblin en retrait (mais fallait il vraiment s’attendre à quelque chose de lui ?..), un Avis toujours aussi fantasque, un Guarnieri imprévisible et une cuvée Europe 2006 des plus prometteuses !
Je reste sur Martin Barr pour la plus grosse progression, qui a marqué plus de points sur une manche à Mantova (auteur d’un remarquable 12/15) que sur une saison complète 2006.
Dans le même registre, un petit mot aussi sur Gautier Paulin qui, si l’on se réfère à sa prestation irlandaise de l’an passé, roule cinq secondes plus vite dans chaque séance ! Ou comment passer de 12ème junior à 12ème MX2 en mois d’une saison, du jamais vu…
Ces deux derniers cas où le dicton « Ne jamais dire jamais » prend tout son sens, dans le sport comme dans la vie…
Tout top 10 cadet/junior peut rentrer dans les bons points du mondial en 2 à 3 ans, tout dépend de sa volonté, de sa marge de progression et de son entourage.
La volonté, parlons en justement puisque notre sport en réclame une bonne dose et seuls les plus coriaces sortiront du lot. Tout le monde ne s’appelle pas Pourcel ou Cairoli et on remarque un chamboulement de la hiérarchie, certains franchissant un nouveau palier et d’autres restant sur leurs acquis des années précédentes. Ceux qui frappaient aux portes de la qualif’ rentrent aujourd’hui dans les bons points (Aranda, Allier), ceux qui scoraient dans les points rentrent dans les 10/12 (Boog, Desalle, Simpson), ceux qui pointaient dans les 12 sont à l’orée du top 5 (Seistola, Aubin, Noble) et ainsi de suite… Si l’on regarde en arrière le parcours d’un Coppins depuis son arrivée en Grand prix, ce n’est qu’une succession de petits paliers et de progressions mis bout à bout qui, combinés à la maturité et l’expérience, lui ont permis d’évoluer de la porte des points jusqu’au sommet…
Enfin et pour terminer, la vitesse et le niveau des girls ont eux aussi franchi un cap. Douze secondes environ (toujours délicat de comparer les temps sur différentes séances) séparent les top MX1/2 des top girls, ça commence à devenir sérieux ! J’en ai fait moi-même l’expérience dans le bois d’Olmen il y a une quinzaine de jours. Obligé de forcer pour contenir la kawa Molson #111 en pensant qu’il s’agissait de Ray Rowson : bref moment de gloire qui s’effondra subitement quand je compris que le pilote de la KXF n’était autre que Prumm, … sur la moto de Rawson !
Cela dit, je compatis déjà pour leurs futures douleurs bataves du mois de Septembre prochain. Va vraiment y’avoir sélection naturelle… Good luck girls !
Texte (C) Yves De Vlaminck – Photo (C) Yamaha Racing / Kawasaki Racing / KTM / Ray Archer
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