Dyno le héros !

L’annonce de le retraite de Sébastien Tortelli lors de la première soirée du supercross de Bercy à fait l’effet d’une bombe. D’autant qu’aucune information n’avait transpiré sur le net durant la semaine, ce qui est chose rare dans ce cas là. Notre excellent forumeur belge qui sévit sous le pseudo Holeshot, a composé un abécédaire maison sur notre forum de discussion. Holeshot rend un si formidable hommage à Dyno que nous ne pouvions pas vous en faire profiter.
A comme Amertume : c’est la première lettre de l’alphabet et c’est aussi la première impression qui m’est venue à l’esprit quand il a annoncé son retrait définitif. Tant de talent, tant de travail, tant de blessures, tant de générosité, tant d’abattage, pour si peu on l’on s’en tient uniquement à son palmarès brut…
B comme blessures (et dans le même registre j’aurai pu développer les A comme abnégation, C comme courage, V comme volonté, D comme détermination ou T comme travail). Combien de pilotes se sont relevés après deux blessures à 6 mois d’arrêt ? Combien de pilotes se sont relevés après trois blessures à 6 mois ? Combien de pilotes se sont relevés après quatre blessures à 6 mois ? etc etc… Vous cassez pas la tête, cherchez pas plus loin, y’en a qu’un…
B comme Borgloon : 1er GP 125, 1994, Yam blanche, UFO bariolé, EDF de la grande époque, 7 et ?? (MXA help)… putain j’y étais pourtant…
C comme Cœur : qu’est ce qui l’a poussé à prendre des nouvelles de Pit peu après son accident ? plus encore à lui rendre visite alors qu’un océan, une langue, un championnat et une poignée de secondes au tour les séparait ?…
La vie c’est comme une sortie de virage, les traces se recoupent (voir V…) et celui qui vous salue systématiquement dans le paddock est souvent le même qui vient vous voir a l’hôpital et le même qui vous dépanne à l’entraînement.
C toujours comme Cussac ou comme Cadet : j’avais 11 ans en ’92. Alors qu’on passait des vacances paisibles en Charente Maritimes, mon père profite de l’occasion pour m’emmener au GP 500 à Cussac. Plus que la perf de Jobé (pour qui je vouais un culte, crédule, patriotique et mystificateur que j’étais à l’époque… si naïf que j’étais…lol) ou la beauté du terrain, j’étais surtout resté scotché devant la prestation du KX80 lauréat des 2 manches du cadet ce jour la. Le casque MDS, les fringues Bieffe Donny Schmidt replica, la coupe mulet et l’attaque du minot resteront gravées à jamais…
D comme Dyno : On aurait pu l’appeler Rino (comme l’animal), Ryan (comme le soldat), Goldorak (comme la figurine) ou Rocky (comme le boxeur), toujours est il que « Dyno » (a condition de considérer que ce soit un Tyranosaurus Rex) ne lui va pas si mal…
E comme Everts : ils ont écrit à eux deux les plus belles pages du MX circus de la fin des années ’90. Comme une course dans la course, un duel dans la bataille, tout le monde n’avait d’yeux que pour eux. Y’avait Seb, Stefan et puis les autres (Never forget Cingoli 97, Foxhill 98,…). Le plus incroyable c’est qu’après son épilogue US, ils se retrouvent début 2006 à Mantova puis Zolder comme si rien (ou presque) n’avait réellement changé depuis le soir de Megalopolis ’98
F comme Fan : pas d’étalage de vie privée ni d’ITW fracassantes, Seb a toujours donné l’impression de garder un certain recul vis-à-vis de la presse spécialisée. Pour ses fans ou pour la bonne cause, il s’est toujours montré d’une grande disponibilité. Un modèle du genre…
P comme physique : J’ai jamais assisté à ses entraînements mais je situe parfaitement la charge de travail nécessaire pour revenir au niveau après 4 mois allongé dans un lit. Si y’en a un qui doit savoir ce que le terme « souffrir » sur un vélo ou dans une salle de muscul’ c’est bien lui… A des années lumières du vélo d’appart’ en mode fat burner façon « Reve américain » ou du Mc Do ingurgité dans l’heure précédant une séance d’entraînement… La aussi il s’est cherché une personne de confiance, en quelques années il a du travailler avec la moitié des PP et autres personnal trainer de la west coast, de l’ultimate fighter au vieux sorcier adepte du trekking en passant par l’ex pro de jet ski…
S comme SX : pas sa discipline de prédilection ni son terrain de jeu favori, il n’y était pas ridicule pour autant. Et malgré son manque de précision, de vivacité, de mobilité, de ses épaules verrouillées et de style « brut de fonderie », son palmarès aurait de quoi en satisfaire plus d’un . Remember Coliseum 98 (ou le hold-up du siècle), Bercy 95/05, Pontiac 2000, Arnhem 02, A1 ’05, etc…
V comme Valeurs : combien de fois n’a-t-on pas entendu dire que « le milieu du cross est vraiment pourri », que « les valeurs se perdent » ou que « c’était mieux avant » …c’est probablement parce qu’il y’a de moins en moins de gens comme Seb dans le paddock. Droit, carré, entier, dispo, souriant, généreux, professionnel, « jusqu’au boutiste »… jamais un mot plus haut que l’autre ni un geste déplacé (et dieu sait pourtant si le sort ne l’a pas épargné…), j’en passe et des meilleures… Un seul mot pour tous les résumer: RESPECT.
V toujours comme Vimond. Jacky, Bayle, Kervella, Johnson, Jobé, ST a toujours eu besoin de s’entourer.
Cette séparation avec Javim, à quelques jour du titre mondial, est peut être (je ne me permettrai pas de juger) le premier faux pas de sa carrière. L’osmose semblait tellement parfaite…
V comme Volume : Talavera 97, Nations 99 (Brazil), Binghamton 200(1 ou 2 ? ou the biggest face plant ever !!), Agueda 06… fait jamais dans l’détail not’ Dyno!!
W comme winner. Y’a les Amstrong et les Poulidor, les Everts et les Bervoets, les Rossi et les Gibernau. Seb est à classer dans la catégorie des premiers cités… La preuve ? Ressortez les VHS de la saison ’96, Jerez de la même année, Leuven (trophée pascal + GP en 98), Roggenburg 98, GH 99, St Jean 2000 et j’en oublie par pelles…
Re W comme Warrior. Peut être la course de sa vie un beau jour de Juillet 2001 sur le « Red Bud track’n trail » dans la campagne du Michigan. Chaleur de mammouth, terrain démonté et départ moyen. Seb enfile ses adversaires comme des perles, il double proprement Ricky et lui donne rendez vous sur le podium pour la poignée de main… C’était sans compter sur cette foutue malchance ou ce gicleur 2 points trop gros. La CR 250 stoppe net au sommet d’un appel alors qu’il reste 200 mètres à parcourir. Seb parvient à repartir et atteint péniblement la table d’arrivée (un mur) pour ensuite pousser la moto à bout de bras façon Ryno 95 ou Alessi 05 (mais plus poignant au vue du scénario de la course). Il échouera à quelques centimètres du sommet mais cette image restera gravée à jamais. Beaucoup plus qu’une double victoire devant le GOAT ce jour la…
Je terminerai, sorte de dyslexie volontaire, par la lettre M comme Merci, MERCI Monsieur Tortelli !
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Texte Holeshot – Photo © Ray Archer
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