Le Feuilleton à Tonton Riton « 2018 » : « Bam Bam » le Phénix…

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 « Bam Bam » le Phénix…

 

Salut les P’tits N’veux !

C’est reparti pour un (grand) tour : en effet quelque chose (mais quoi ?) me dit que ce millésime 2018 promet de casser la baraque… Roulez petits bolides, action & décibels, on y croit et on lâche les chevaux !

 

Ouais, voici donc février, déjà ! Bon, disons que j’ai quelque peu prolongé mes vacances de fin d’année, voilà tout ! Mais croyez bien que je n’ai rien raté pour autant de ce qui s’est passé sur la planète MX. Et puis je sais que je serai pardonné, je connais votre grande mansuétude, qui me fait toujours chaud au cœur…

Phénix passé Phoenix

Minute culturelle (comme les parfaits érudits, les bas du front et autres intolérants à la curiosité naturelle peuvent sauter le paragraphe). Le phénix, ou phœnix (du grec ancien φονιξ / phoînix, « rouge pourpre », ça c’est le dico qui le dit, pas moi !) est un oiseau légendaire, doué d’une grande longévité et caractérisé par le pouvoir qui est le sien de renaître après s’être consumé dans les flammes. Il symbolise ainsi les cycles de mort, de résurrection et de noblesse. Telle apparaît en gros la notice encyclopédique du truc, de ce fameux phénix repéré pour sa capacité à « ressusciter » post mortem.

 

Bon, cette légende du phénix possède un caractère universel, on la retrouve plus ou moins dans bon nombre de civilisations très différentes et elle ne date pas d’hier, en tous cas elle remonte à bien avant « notre ère ». Mais trois mille ans plus tard, si ce n’est bien plus, on en parle encore, l’emplumé fait toujours le buzz. A tel point qu’au lendemain de l’épreuve de… Phoenix (ça ne s’invente pas !), Arizona (Glendale, pour ceux qui cherchent… la petite bête), on a de nouveau évoqué le souvenir de l’oiseau magique… Ouaip !

 

Sans doute y a-t-il des fans de motocross/supercross qui n’aiment pas Justin Barcia ? Ça existe sûrement, car on ne peut jamais plaire à tout le monde… Cependant à l’époque de ses débuts chez les Pros, super enthousiasmants faut bien l’avouer (après une multitude de titres chez les Amateurs), le natif du New Jersey a brusquement affolé les compteurs et s’est instantanément constitué une foule de fans hardcore. Bref, le garçon s’est posé en nouveau Bob Hannah, voire en McGrath réincarné ou quelque chose de ce genre. Très vite il est devenu une superstar, non sans raison d’ailleurs… Voyez plutôt (on avait peut-être un peu oublié) : Rookie of the Year 2009 d’emblée en MX, vice-champion SX 250 Est dès sa première saison dans les stades, puis double champion Côte Est toujours 2011-2012, débuts précoces en MX 450 (en remplacement de Trey Canard… blessé) immédiatement couronnés de succès, passage en 450 SX superbement transformé (deux victoires dès la première année, en 2013), deux fois King of Bercy, deux podiums aux Nations avec le Team USA et j’en passe… Et puis, entre changement d’équipe, puis de machine, blessures diverses, malchance noire et, forcément, perte de motivation, le vent a salement tourné en 2015, même si le garçon avait encore sauvé les meubles en outdoor… Et, en 2016 et surtout l’an dernier, le petit génie de la Côte Est a totalement disparu de la circulation, ou presque. Du haut des feuilles de résultats, en tous cas !  

 

Du coup, à son propos, pouvait-on penser, en fin d’année dernière, ayant appris qu’il avait trouvé refuge chez Yamaha-USA : dites, s’il en est un qui a eu, pour le dire avec joliesse, le fessier élégamment orné de pâtes alimentaires (ben ouais, « le cul bordé de nouilles », quoi), c’est bien le nouveau coéquipier de Cooper Webb chez Yamaha USA ! Parce qu’il hérite, et même pas en toute dernière minute, disposant même d’un parfait timing de préparation, d’une super bécane de luxe, d’un guidon tout ce qu’il y a de plus officiel, bref d’une bénédiction aussi époustouflante que surtout parfaitement imméritée ! En effet, en cette fin 2017, à la simple lecture des résultats de l’ex-pilote Joe Gibbs Racing depuis quelques mois si ce n’est quelques années, on reste absolument confondu par la pauvreté des prestations d’un garçon qui, voici quelques saisons, passait pour la pure personnification du futur de ce sport, s’imposant direct en catégorie reine après avoir archi-dominé les 250 cc, double King of Bercy dès 2013, bref la totale… Etc.

 

Autrement dit, faut bien le reconnaître : en fin de saison dernière, troisième exercice consécutif parfaitement indigne du talent du bonhomme, qui pouvait encore croire en Justin Barcia ? Qui ? Pas moi, j’avoue humblement… Eh bien, chez du côté de chez Yamaha, un Davi Millsaps trop usé ayant dû jeter l’éponge, on a pensé à Bam Bam et on est allé le chercher. On a vu en lui le fameux phénix ! On était aussi sans doute très bien renseigné, en tous cas on avait senti, mieux, compris, la métamorphose en train de s’opérer et on a tenté le pari. Qui, c’est clair, est en train de s’avérer gagnant. Car quel incroyable retour il opère en ce début de championnat, le gars Barcia ! Du jamais vu, à ce niveau… Le Phénix, je vous dis !

 

Ah ça il fait fort ! Comme quoi bon sang ne saurait mentir, finalement, n’est-ce pas ? Talentueux un jour, talentueux toujours ? Sans doute, mais on sait bien que le talent n’est pas tout… Il faut réunir tant d’ingrédients différents pour faire un champion, un winner. Et l’alchimie a un tel caractère aléatoire ! Toujours est-il que le garçon, invisible depuis des mois, a tout à coup retrouvé les sommets, presque un peu épaté lui-même par cette renaissance « spontanée », cela dit. Mais pas mécontent non plus du bon coup qu’il est en train de jouer, évidemment. Bon, en vérité, même si le Justin Barcia 2018 a impressionné d’emblée, avec deux podiums sur les deux premières courses, certains restaient encore sceptiques, au lendemain de Houston, craignant un simple feu de paille. Et une huitième place « seulement » à Anaheim 2 ne pouvait-elle tendre à donner du poids à pareille thèse ? Non, car la semaine suivante à Glendale, le nouveau pilote Yamaha redressait magnifiquement la barre, signant son meilleur score à ce jour. Et il maintenait superbement la pression en finissant dans le top-5 à Oakland huit jours plus tard. Autrement dit, au vu des cinq (ça commence clairement à signifier quelque chose) premiers résultats de la saison – 3/3/8/2/5 – on doit réellement parler d’un véritable retour en force de la part du Newyorkais, d’accord ? Qui, au classement général provisoire, en vue du premier tiers du championnat, pointe à la troisième position, à deux points du pilote classé second. Pour un gars qu’on a cru fini de chez fini, qui n’avait pas remporté la moindre victoire depuis des lustres (pensez, 2013 !) et n’était plus monté sur le podium depuis 2014, pareil début de saison, ça cause, je trouve ! Bravo, mec !

 

Alors comment réagit-il donc à cette situation, à ce retour parmi les tauliers, à bientôt 26 ans, le blondinet ? D’abord un peu langue de bois (« Oh, je prends les courses les unes après les autres, sans trop y penser »), il finit par se lâcher davantage et montrer une certaine satisfaction, toute en humilité, ainsi que pas mal de lucidité : « L’important pour moi c’est de signer un bon contrat avec Yamaha pour l’année prochaine, voire les suivantes. Car si j’avais d’abord été engagé pour six épreuves, j’ai aujourd’hui la garantie de terminer la saison 2018 avec le team. J’ai toujours cru en moi, mais je dirais que je me sens nettement plus en confiance depuis que j’ai pris en mains la Yamaha. Je me suis toujours bien préparé, beaucoup entraîné. Peut-être même trop, à un moment donné, je ne sais pas… Bon, avant Anaheim 1 en tous cas j’avais des objectifs très raisonnables, juste la volonté de faire de mon mieux en fait. Et finalement je suis bien mieux que prévu, en quelque sorte, que ce que j’avais moi-même prévu, alors c’est génial ! En vérité je me fais plaisir sur cette moto, je suis vraiment content, je me sens super à l’aise sur la nouvelle Yamaha. En parfaite harmonie avec cette machine. Car c’est une toute nouvelle moto : s’il est vrai que le moteur ressemble beaucoup à ce que j’ai connu, le nouveau châssis est une révélation ! Il est excellent, sachant que l’on roule avec du matériel très proche de la série. Et puis le team est super, constitué de gens qui ont une immense expérience… ».  

 

Comme il le dit lui-même, en réalité au plan personnel il a surtout… grandi : « C’est vrai, j’ai pas mal évolué ces derniers temps. Dans l’adversité, d’abord, car ça n’a pas toujours été facile ces dernières saisons… Je n’étais plus monté sur un podium de SX depuis 2014 ! Oui, j’ai changé de style de vie… J’ai rencontré ma future femme et bien sûr ça change tout ! J’ai rencontré de nouvelles personnes, j’ai un nouvel entourage, plus restreint peut-être, mais constitué uniquement de gens super ! N’avoir que des gens bien à ses côtés, c’est définitivement un plus. Avant le début du championnat j’ai pu louer une maison en Californie et me concentrer sur la découverte de la Yamaha, bosser dans les meilleures conditions. Ma fiancée est anglaise, pour l’instant elle est là-bas et moi je suis ici, à fond dans la course, à 100% dans ce que je fais. Je ne sais pas comment on fera une fois mariés : depuis le début de ma carrière je réside en Floride et je sais qu’elle apprécie Tallahassee, on verra bien… Moi j’aime beaucoup l’Angleterre, j’y suis allé à Noël et j’y ai vécu de super moments, c’était top ! Même la nourriture… ». Ah, l’amour ! The real fuel…

 

Bref, le Phénix est avant tout un homme heureux : « Nombreux sont les fans qui me sont restés fidèles malgré le manque de résultats, ils viennent me dire qu’ils croyaient toujours en moi et je trouve ça drôlement sympa… L’important, dans ces conditions, c’est de ne pas les décevoir, de leur donner un max’ de plaisir ! ». Rien de nouveau sous le soleil, au final : le supercross, comme le reste, c’est rien qu’une histoire de mental…

 

Nota bene : Cette chronique ayant été écrite avant le week-end dernier, elle ne tient pas compte des résultats de la sixième épreuve disputée samedi à San Diego, forcément. Cela dit, même si Justin Barcia a perdu du terrain lors des derniers tours de la finale au Petco Park à la suite de soucis de frein arrière, terminant « seulement » huitième après avoir longtemps bagarré avec Marvin Musquin pour le gain de la seconde place, il marque toutefois de précieux points et profite des malheurs de Ken Roczen pour s’emparer de la deuxième position au classement provisoire du championnat. Bref, la démonstration continue, le Phénix poursuit sur sa lancée !

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